Un dilemme pour les Immortels : le choix de Mitterrand ( A. Makine ) ou celui de Richelieu ( Un authentique défenseur de la langue française) ?

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TRIBUNE « Un dilemme pour les Immortels : le choix de Mitterrand (A. Makine) ou celui de Richelieu (un authentique défenseur de la langue française) ? »

 

Arnaud-Aaron Upinsky, le 12/02/2016 à 12h41

 

L’écrivain Arnaud-Aaron Upinsky s’inquiète de la tournure des débats en vue de la prochaine élection du 3 mars à l’Académie Française. En pleine réforme de l’orthographe, celle-ci doit fait le choix d’un défenseur de la langue française.

 

« Les académiciens sont inquiets ! » disent-ils tous. Après trois ans de tempête sur la langue française et sur l’Académie, avec le retrait forcé de la candidature de Frédéric Mitterrand, que l’AFP avait jusque-là présenté comme pré-élu, la prochaine élection du 3 mars s’annonce déjà comme le coup de tonnerre d’entrée dans une nouvelle ère pour l’Institution : la fin d’un monde jusque là préservé des outrages et de la violence des temps nouveaux par des rites immuables qui viennent de voler en éclat le 4 février dernier, lors de l’émission BFMTV du soir de Nathalie Levy.

Frédéric Mitterrand retire sa candidature à l'Académie Française

Inconscience, calcul politicien, pure philanthropie, esprit de vengeance ? Que s’est-il passé ce jour-là dans la tête du candidat fétiche – par comble d’ironie disant même : « j’ai agi comme en académicien ! » – pour violer à ce point toutes les règles de la bienséance et tourner en dérision la future élection en lui ôtant toute raison d’être. Pensez-vous ! Après avoir fait l’éloge d’Andreï Makine en déclarant lui céder sa place de bon cœur, l’ancien ministre de la culture a justifié son geste de générosité en disant retirer sa candidature pour ne pas lui nuire. « Il y a un candidat qui s’est présenté pour qui j’ai énormément d’estime. J’apprécie beaucoup son œuvre. Je ne veux pas être un embarras pour son éventuelle élection ». Mais « in cauda venenum » (dans la queue le venin), au lieu de s’en tenir là, notre bon samaritain a hélas ajouté : « Il est plus fragile que moi sur le plan émotionnel, s’il est battu, il ne se représenterait pas. Je peux me représenter plein de fois, ce n’est pas un problème. Mais lui s’il est battu, il ne va pas se représenter. »

« Fragile au plan émotionnel »

Pourtant n’est-ce pas à Nicolaï et aux Immortels d’en décider ? Alors chacun conviendra que ce n’était pas le meilleur service à rendre au futur élu de son cœur que de le stigmatiser aux yeux de tous, lors d’une émission « grand public », comme « fragile au plan émotionnel » ! Formé à l’école de son prestigieux parent, Frédéric Mitterrand n’est-il pas habile à inverser les rôles pour sauver la face en présentant l’échec électoral en succès ? À l’Académie, tout le monde savait que la mise sur orbite de son élection, via l’AFP, n’était pas la bien venue dans le climat électrique créé depuis l’élection d’Alain Finkielkraut.

Et, pour discréditer totalement le rite de l’élection, Frédéric Mitterrand ne s’est pas contenté de vouloir imposer aux Immortels le choix exclusif d’un candidat « fragile au plan émotionnel ». À l’ultime question de Nathalie Levy « Sauf que vous n’êtes pas seul dans la course en face de lui, il y en a d’autres, non ? », il a répondu d’un rire méprisant « Non, pas si importants, je ne veux pas les insulter, ils se présentent depuis dix ans ! » en prétendant que les Immortels n’auraient pas d’autre choix, que « le choix de Mitterrand » était le seul possible du fait de son retrait ! Comment mieux ridiculiser l’Institution ?

Hérésie  ?

Andreï Makine
Andreï Makine

Néanmoins, l’anticipation de l’élection d’Andreï Makine par Frédéric Mitterrand aura eu l’insigne mérite de poser la question du critère devant présider à l’élection de l’Académie : le « choix de Mitterrand » ou « le choix de Richelieu » prévu dans les statuts ? Le Secrétaire perpétuel de l’Académie, Madame Hélène Carrère d’Encausse, a hautement proclamé qu’elle voudrait connaître « les dons et les goûts » des candidats. Et les Français également comme l’ont montré leur passion à s’opposer à la « réforme de l’orthographe » et la terrible philippique de Frank Ferrant (1). À ce sujet, des académiciens s’étonnent de la « faiblesse linguistique » d’Andreï Makine qui prétend qu’il y aurait « autant de langue que de grands écrivain », contre-sens monstrueux pour un candidat confondant la pluralité des styles avec l’unicité de la langue ! « Est-ce prudent d’élire une telle hérésie ? » s’est même exclamé l’un d’entre eux ?

C’est ainsi qu’en prétendant anticiper l’élection politicienne d’Andreï Makine à BFMTV au lieu d’attendre le verdict académique du quai Conti, Frédéric Mitterrand a placé l’Académie devant un dilemme : le « choix de Mitterrand » (d’un candidat « fragile affectivement » préfabriqué par l’AFP et ignorant le b, a, ba de la linguistique) ou le « Choix de Richelieu » que le fondateur de l’Académie voulait basé sur le seul talent du mieux placé pour défendre vraiment la langue française. Serait-ce trop demander à l’Académie de devoir respecter ses statuts le 3 mars prochain pour sauver la langue française en péril de mort ?

 

Arnaud-Aaron Upinsky

 

 

 


[1] Figarovox, 9 février 2015

Source : la-croix.com

L’étrange retrait de la candidature de Frédéric Mitterrand à l’Académie Française

Frédéric Mitterrand retire sa candidature à l’Académie Française pour ne pas nuire à Andreï Makine

Frédéric Mitterrand était reçu par Nathalie Levy jeudi soir (le 4 février 2016, ndlr) sur BFMTV. L’ancien ministre de la Culture a expliqué pourquoi il avait retiré sa candidature à l’Académie Française. « Il y a un candidat qui s’est présenté pour qui j’ai énormément d’estime. J’apprécie beaucoup son œuvre. Je ne veux pas être un embarras pour son éventuelle élection », a-t-il confié. Il s’agit du romancier d’origine russe Andreï Makine, prix Goncourt et prix Médicis en 1995. « Il est plus fragile que moi sur le plan émotionnel, s’il était battu, il ne se représenterait pas. Je peux me représenter plein de fois, ce n’est pas un problème. Mais lui s’il est battu, il ne va pas se représenter », a-t-il avancé :

 

NDLR : Frédéric Mitterrand retire sa candidature à l’Académie Française… au motif perfide qu’Andreï Makine est fragile !!

Andreï Makine, le candidat de l’Establishment… ???

 

 

Académie Française : Andreï Makine candidat, Frédéric Mitterrand se retire

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Frédéric Mitterrand n’est plus candidat à l’Académie française. LP/Frédéric DUGIT

Trop fort pour lui ? L’annonce de la candidature du romancier d’origine russe Andreï Makine, prix Goncourt et prix Médicis en 1995, à l’Académie Française,  au fauteuil de la romancière algérienne décédée Assia Djebar, a eu pour conséquence le retrait de la candidature de Frédéric Mitterrand ainsi d’ailleurs que de celle de Jean-Claude Perrier.

Âgé de 68 ans, le neveu de l’ancien président François Mitterrand, auteur d’une quinzaine de romans, a également été producteur-animateur de télévision avant d’être directeur de la Villa Médicis à Rome puis ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy de 2009 à 2012. C’était sa première candidature à l’Académie Française.

Andreï Makine, 58 ans, est considéré lui comme l’un des grands écrivains de langue française. Son roman «Le testament français» a réussi l’exploit, en 1995, d’être couronné à la fois par le prix Goncourt, le prix Goncourt des lycéens et le prix Médicis. Auteur de 16 livres sous son nom, il a également écrit quatre romans sous le pseudonyme de Gabriel Osmonde. Grande médaille de la Francophonie en 2000, il a reçu en 2005 le prix de la Fondation Prince Pierre de Monaco pour l’ensemble de son œuvre et, en 2014, le prix Mondial de la Fondation Simone et Cino del Duca-Institut de France. Ces deux dernières récompenses sont souvent considérées comme des sésames pour entrer sous la Coupole.

Outre la candidature d’Andreï Makine, l’Académie Française, dans sa séance du jeudi 4 février 2016, a également enregistré celles de MM. Michel Carassou, Éric Dubois et Eduardo Pisani. Sept autres candidats sont en lice pour l’élection fixée au 3 mars mais leur chance d’être élu est quasi nulle. Plusieurs de ces candidats s’étaient déjà présentés à l’Académie sans jamais recueillir une seule voix.

VIDÉO. Frédéric Mitterrand retire sa candidature pour ne pas nuire à Andreï Makine

Source : leparisien.fr

Académie Française : Publication de la lettre de candidature d’A.-A. Upinsky invitant les candidats au fauteuil d’Assia Djebar à adopter cet usage

COMMUNIQUÉ UNION NATIONALE
DES ÉCRIVAINS DE FRANCE

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                                               ACADÉMIE FRANÇAISE                                              

PUBLICATION DE LA LETTRE DE CANDIDATURE D’A.-A. UPINSKY INVITANT LES  CANDIDATS  AU  FAUTEUIL D’ASSIA  DJEBAR  À  ADOPTER  CET  USAGE 

Depuis que, le 5 décembre 2013, le Secrétaire Perpétuel de l’Académie a demandé  « solennellement [ au chef de l’État ] de faire de l’année [2014 ] l’année de la reconquête de la langue française, et d’abord à l’école qui la porte et la transmet », la situation n’a fait qu’empirer avec l’actualité. Il est vrai que, le 21 janvier 2015, le chef de l’État avait bien dû reconnaître la nécessité de reconquérir les territoires perdus de la langue française auprès de la jeunesse « pour détruire le terrorisme en herbe ».

Mais, hélas, cette annonce fut suivie d’un effet inverse : une aggravation par le « mauvais coup porté à la langue » dans la réforme du collège. Et, suprême outrage, le « protecteur de l’Académie » a laissé sans réponse l’appel à la reconquête de l’Académie, du 5 décembre 2013, acte tragique sans exemple dans l’histoire : symbole « total » d’une rupture inouïe entre le Pouvoir et la langue de la République !

Cette course a l’abîme met la langue française en péril de mort, avec toutes les conséquences tragiques mises en lumières par l’actualité. État d’urgence justifiant toutes les audaces d’une mobilisation générale des écrivains qui doivent désormais se fixer pour but explicite la reconquête de la langue française ; reconquête vitale attendue de tous ces Français qui se tournent aujourd’hui vers l’Académie en laquelle ils voient le dernier recours institutionnel pour venir « au secours du français ».

C’est pour répondre à cette nouvelle attente, à ce nouvel intérêt des Français pour l’Académie qu’Arnaud-Aaron Upinsky a décidé de motiver sa lettre de candidature, de la rendre publique ( ce qui est une première ) et d’inviter les autres candidats au fauteuil d’Assia Djebar à adopter cet usage justifié par l’enjeu de survie, comme il le précise dans sa lettre de candidature ci-jointe. À l’heure de tous les périls pour la langue française, les Français ne sauraient se contenter de simples copiés/collés de dépêche AFP ignorant la première mission de l’Académie, le critère de choix de Richelieu et même tout critère de langue.  

Ainsi que les Immortels, et selon les propres vœux du Secrétaire Perpétuel de l’Académie Française, les Français ont désormais le droit de savoir, avec leurs propres mots, quelle est la motivation des candidats à cette Institution de salut public dont la première mission est la défense de la langue française : l’Académie Française que Maurice Druon définissait comme « l’expression la plus haute de l’identité de la nation et comme l’incarnation de la France. Cette idée, [qu’]il nous appartient maintenant  de faire vivre ».  

Comment douter que ce débat au sommet sur la survie de la langue française, sur le pouvoir souverain de l’Académie en matière de langue et sur les caractères d’éligibilité des candidats à la reconquête du français, soit précisément celui qu’attendent, aujourd’hui, tous les Français amoureux de leur langue en laquelle ils voient l’instrument de leur identité, de leur salut, de leur prospérité et de leur dignité retrouvées ?

1. Communiqué Publication de la lettre de candidature

2. Lettre de candidature d’A.-A. Upinsky à l’Académie Française ( pdf)

Union Nationale des Écrivains de France                                                                           Contact presse : courrierposte@orange.fr  –  Tel : 06 01 76 20 79