LA GUERRE DE L’ORTHOGRAPHE Najat Vallaud-Belkacem VS l’Académie Française

…pour Le Monde : Mme Vallaud-Belkacem fait part de son « étonnement » à l’Académie Française

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…pour Le Figaro : Najat Vallaud-Belkacem critique l’Académie Française

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Orthographe : Mme Vallaud-Belkacem fait part de son « étonnement » à l’Académie Française

Le Monde | 16.02.2016 à 05h45 • Mis à jour le 16.02.2016 à 08h13

Le ministre de l'éducation nationale : Najat Vallaud-Belkacem

La ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a adressé une lettre à Hélène Carrère d’Encausse, la secrétaire perpétuelle de l’Académie Française, après que cette dernière a pris ses distances avec une réforme de l’orthographe de 1990 et qui apparaîtra dans des manuels scolaires.

« C’est avec intérêt, mais également avec un certain étonnement que j’ai pris connaissance de votre réaction publique aux nouveaux programmes de la scolarité obligatoire, publiés le 26 novembre 2015 vous critiquez notamment la référence, pourtant identique à celle de 2008, aux rectifications de l’orthographe proposées par le Conseil Supérieur de la langue française », écrit Mme Vallaud-Belkacem dans cette missive, datée du lundi 15 février et rendue publique mardi 16 février.

« Étonnement renforcé par le fait que ces rectifications sont intégrées dans la neuvième édition du dictionnaire de l’Académie Française et que l’Académie, pourtant contactée par le Conseil Supérieur des programmes cet été, n’a pas fait de remarque quant à la présence de cette référence. »

Dans un entretien publié samedi par Le Figaro, Hélène Carrère d’Encausse affirme n’avoir « pas compris les raisons qui expliquent l’exhumation d’une réforme de l’orthographe élaborée il y a un quart de siècle et où l’Académie Française n’a eu aucune part, à l’inverse de ce qu’on l’on a voulu faire croire ».

Lire aussi : L’Académie française contre toute réforme de l’orthographe

« Pas suscité de démenti »

Largement méconnue, la réforme adoptée en 1990 prévoit la simplification de l’orthographe de certains mots et allège l’usage des traits d’union et des accents circonflexes. Sa généralisation prochaine dans les manuels scolaires du primaire suscite une vive polémique.

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Selon la ministre de l’éducation nationale, le secrétaire perpétuel de l’époque, Maurice Druon, avait affirmé que le rapport du Conseil Supérieur de la langue française sur les rectifications de l’orthographe « avait été approuvé à l’unanimité par l’Académie ».

Et la publication, en 2008, des programmes de l’enseignement de français au collège faisant référence à ces « rectifications de l’orthographe », « approuvées par l’Académie Française », « n’a pas suscité, à ma connaissance, de démenti de la part de l’Académie », insiste la ministre. Et de conclure :

« Eu égard à la mission de défense et d’illustration de la langue française assignée à l’Académie, je vous serais reconnaissante de bien vouloir me faire part de toute évolution de la position de votre institution quant aux rectifications orthographiques, afin que les acteurs concernés puissent en tenir compte à l’avenir. »

Le ministre de l'éducation nationale : Najat Vallaud-Belkacem

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Hélène Carrère d’Encausse : “L’Académie s’oppose à toute réforme de l’orthographe”

Hélène Carrère d’Encausse

Secrétaire perpétuel de l’Académie Française, l’historienne rappelle que la langue est une part essentielle de notre identité.

C’est une mise au point. Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel, s’étonne que l’on exhume une réforme de l’orthographe élaborée il y a un quart de siècle, et affirme fortement que l’Académie Française, « greffier de la langue », n’est pas à l’origine de ce texte.

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L’Académie Française contre toute réforme de l’orthographe

Le Monde | 13.02.2016 à 12h33 • Mis à jour le 13.02.2016 à 14h09

Les historiens Pierre Nora et Hélène Carrère d'Encausse
Les historiens Pierre Nora et Hélène Carrère d’Encausse, le 28 janvier à l’Académie Française

La position de l’Académie Française est claire : elle s’oppose à toute réforme de l’orthographe. Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’institution, est venue le rappeler dans une interview publiée dans Le Figaro samedi 13 février.

« La position de l’Académie n’a jamais varié sur ce point : une opposition à toute réforme de l’orthographe mais un accord conditionnel sur un nombre réduit de simplifications qui ne soient pas imposées par voie autoritaire et qui soient soumises à l’épreuve du temps. »

Et l’historienne spécialiste de la Russie d’enfoncer le clou, insistant sur le fait que l’Académie Française n’avait eu « aucune part » dans cette réforme, « à l’inverse de ce que l’on a voulu faire croire ».

En 1990, un travail de révision du français avait en effet été mené par le Conseil supérieur de la langue française, un groupe de travail mis en place par le premier ministre d’alors, Michel Rocard. Ce groupe de travail composé d’« experts de grande valeur, professeurs, grammairiens, linguistes, correcteurs, éditeurs de dictionnaire » avait notamment proposé des harmonisations lexicales (« charriot » avec deux « r » pour être similaire à « charrette »), le regroupement de noms composés (« portemonnaie » plutôt que « porte-monnaie ») et la suppression de certains particularismes, dont l’accent circonflexe.

Maurice Druon, alors secrétaire perpétuel de l’Académie, était certes président du Conseil supérieur de la langue française et rapporteur devant l’Académie de ses propositions, mais c’est bien ce groupe de travail qui les avait formulées, et non l’Académie. Une nuance importante aux yeux de Mme Carrère d’Encausse.

« Un élève sur cinq quitte l’école sans savoir lire »

Reste que les éditeurs de manuels scolaires ont décidé d’appliquer à la rentrée cette réforme élaborée en 1990 et mise en place depuis 2008, provoquant une vive polémique. Ce que l’académicienne a encore plus de mal à comprendre.

« Je n’ai pas compris les raisons qui expliquent l’exhumation d’une réforme de l’orthographe élaborée il y a un quart de siècle »,

s’étonne ainsi Mme Carrère d’Encausse, pour qui la situation est « radicalement différente » en 2016.

Avec un système éducatif qui « s’est écroulé » au point « qu’un élève sur cinq quitte l’école sans savoir lire », elle estime que « le problème n’est donc plus d’offrir des facilités aux élèves, de conserver ou non l’accent circonflexe, mais de revoir totalement notre système éducatif ».

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